Une histoire du mouvement syndical en Nouvelle-Calédonie
Un nouveau livre qui vient de sortir et que j’aurais pu annoncer sur Café, Thé, La Soupe mais dont je préfère en parler ici.
Pourquoi parler d’un livre sur le mouvement syndical alors que moi-même ne suis même pas syndiqué.
Parce que ce le livre nous donne une approche différente de l’histoire locale. Une approche plus près de notre réalité, celle du peuple, celle des travailleurs y compris immigrés.
En bref un livre qui, entre autres, nous en dit encore un peu plus sur ces vietnamiens qui jadis ont participé à l’économie du territoire tout en étant indésirables et dont ma génération ne sait que peu de chose.
Aux racines du syndicalisme calédonien
Le premier recueil sur l’histoire du mouvement syndical calédonien vient de sortir. Rédigé par le journaliste Henri Israël à la demande de l’Usoenc, ce livre est une plongée passionnante dans les entrailles de la vie sociale et syndicale du pays.
Le saviez-vous ? Le premier syndicat kanak n’est pas l’USTKE mais le syndicat « Progrès et travail » créé en 1969 par Dick Ukeiwé et Gaston Hmeun. « Mais c’était un syndicat bidon créé par la SLN pour casser les conflits », précise Henri Israël, auteur du livre Une histoire du mouvement syndical en Nouvelle-Calédonie, qui vient de paraître aux éditions Île de lumière. « Rapidement conscient de la situation, Gaston Hmeun quitte le syndicat », poursuit l’écrivain qui enchaîne anecdote sur anecdote. Il raconte avec passion sa découverte des archives de Jean Poinat, prêtre-ouvrier au Nickel. « Des cartons traînaient dans un coin du bureau Soenc Nickel. Personne ne savait trop ce qu’ils contenaient. Ce sont les archives du syndicat de 1963 à 1985 qui y dormaient. Une mine de renseignements ! »
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« Le syndicalisme, c’était mieux avant ! »
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Cet ouvrage commandé par l’Usoenc apparaît dans un vide abyssal au niveau de l’histoire calédonienne. « Nos vieux syndicalistes étaient tristes de constater qu’il ne restait rien de leur travail, confie Didier Guénant-Jeanson, secrétaire général de l’Usoenc. On l’a fait pour eux. »
« Ce livre était une nécessité impérieuse, précise José-Louis Barbançon, historien. Même les manuels d’histoire refusent d’aborder le sujet. » Sujet pourtant extrêmement dense qui a nécessité plus de deux ans de recherches et plusieurs séjours en Calédonie pour Henri Israël. Ce dernier s’est plongé durant un mois et demi dans les archives, a pu consulter les statuts des divers syndicats grâce à l’aide de la mairie et a même pu mettre son nez dans les armoires de la Direction du travail. Il a surtout rencontré tous ces anciens qui ont fait l’histoire syndicale du pays : les Drayton, Mussot, Champion, Mennesson… qui d’une seule voix affirment en souriant : « Le syndicalisme, c’était mieux avant ! »
« Dans les années cinquante, on voit défiler blancs, noirs, asiatiques au coude à coude pour l’égalité des salaires entre les différentes ethnies, rappelle José-Louis Barbançon. Ces manifs, prélude au Destin commun, ne sont jamais évoquées car elles viennent du petit peuple. »
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300 pages d’histoire
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Le « petit peuple » a donc maintenant son histoire inscrite dans un livre. Et son auteur de préciser : « L’histoire sociale n’est pas un sous-produit de l’histoire politique. Elle est très riche. » Tellement riche que cet ouvrage qui devait tourner à 300 pages, en fait plus de 400. « Et j’ai été obligé de faire des choix douloureux. » Henri Israël espère aujourd’hui qu’un Calédonien prendra la suite. « Car il y a encore beaucoup de choses à dire sur l’histoire syndicale du pays. »
Patricia Calonne
LES NOUVELLES-CALEDONIENNES
Mardi 27 Novembre 2007
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